La dimension spirituelle du reconfinement : un peu de philosophie pour une fois
Malgré mes antécédents d’enseignant, il n’est pas dans mes habitudes de consacrer cette lettre à des analyses philosophiques. J’y fais exception en citant ici une page remarquable d’un essai de Slavoj Zizek, qui applique à la crise que nous traversons la grille de lecture des cinq étapes du traumatisme : le déni, la colère, la négociation, la dépression, et l’acceptation.
« Prenons la menace d’une catastrophe écologique : dans un premier temps, nous avons tendance à la nier (« ce n’est que de la paranoïa ; ce qui est en train de se passer, ce sont les habituelles oscillations du système climatique ») ; puis vient la colère (dirigée contre les conglomérats, qui polluent notre environnement, contre le gouvernement, qui ignorent les dangers) ; à laquelle succède la négociation (« si nous diminuons nos émissions de gaz à effet de serre, si nous recyclons nos déchets, nous pouvons ajourner la catastrophe ; et le changement climatique a de bons côtés : nous allons pouvoir cultiver des légumes au Groenland ; les navires de commerces pourront désormais passer par le pôle Nord sans difficulté et acheminer beaucoup plus vite qu’autre fois des marchandises de Chine via les États-Unis ; de nouvelles terres fertiles seront très bientôt cultivable en Sibérie grâce à la fonte du permafrost ») ; ensuite c’est la dépression (« il est trop tard ; nous sommes foutus ») ; enfin, l’acceptation (« nous avons affaire à une menace sérieuse, et nous devrons changer radicalement de mode de vie ! ») ».
J’espère que ces quelques lignes vous auront donné envie de lire ce livre. De préférence en ne l’achetant pas en ligne…