Episodes de turbidité de l’eau : pourquoi ?
Voilà deux fois en quelques mois (juin, puis décembre) que l’eau distribuée en pays de Fayence voit sa potabilité mise en cause par des problèmes de turbidité. Cela se produit lorsque des pluies un peu fortes décrochent des canalisations des matières qui se retrouvent en suspension dans l’eau. L’eau distribuée franchit alors le seuil au-delà duquel elle est déclarée non potable, ce qui entraîne l’obligation réglementaire d’organiser des distributions d’eau minérale. Lors de ces distributions, auxquelles nous n’avons pas été habitués par le passé, la question qui revient rituellement est la question de savoir pourquoi ce phénomène est apparu et pourquoi il est revenu, avant certainement de revenir à moyen terme.
Chacun a son explication, notamment sur les réseaux sociaux dont les débats contiennent tant d’expertise…. Il est vrai qu’il faut toujours trouver des responsables pour tout, et de préférence des responsables publics locaux ! Ainsi, pour les uns, c’est la communauté de communes qui serait en cause faute de savoir maîtriser le réseau qu’elle s’est appropriée lors du transfert de compétences. Pour d’autres, c’est la défunte société d’économie mixte, E2S, qui ne se préoccupait pas de ces questions et qui a donc fait courir des risques au public. En fait, ce n’est bien évidemment ni l’un ni l’autre. Depuis plusieurs années, le seuil réglementaire au-delà duquel l’eau distribuée est réputée turbide n’a cessé de se durcir, notamment sous l’effet d’une directive européenne du 16 décembre 2020. Le principe de précaution se déploie là encore, et pas forcément seulement pour des questions de santé publique. C’est un peu comme si on disait dorénavant que 37°5 représente une forte fièvre : ce n’est pas la fièvre qui a changé, mais le thermomètre. En d’autres termes, notre eau n’est pas plus turbide qu’avant ; c’est le seuil au-delà duquel elle est officiellement qualifiée ainsi qui a considérablement changé. On peut dire tant mieux, si l’on tient à une société aux ambitions radicales en matière de santé publique ; ou le regretter, si l’on trouve qu’une société aseptisée émet tant d’alertes qu’au bout d’un moment elles se banaliseront au point que de moins en moins de nos concitoyens les écouteront