COVID-19 : le temps de la vaccination
Le but de cet article n’est pas de juger de l’utilité et de l’opportunité du vaccin, enfin plutôt des vaccins puisqu’aujourd’hui trois sont autorisés en France (Pfizer-BionTech, Astra Zeneca et Moderna). Sur ce sujet sensible, je n’ai pas d’état d’âme, et me ferai vacciner dès que possible, non seulement pour ma propre protection, mais aussi par égard pour les nombreuses personnes que je fréquente si je devenais porteur asymptomatique. Mais aussi pour des victimes collatérales qu’on oublie : celles qui souffrent d’autre chose et qui ne consultent plus ou qui sont moins traitées. A titre d’exemple, le diagnostic des cancers a baissé de 20% l’an dernier en France. Cela ne veut pas dire hélas qu’il y a moins de cancers, mais qu’ils sont moins dépistés. Y remédier, c’est le but commun des mesures qui visent à ne pas laisser engorger l’hôpital public : le couvre-feu, le confinement et la vaccination. Qui d’entre nous n’a pas parmi ses proches quelqu‘un qui se bat contre ce fléau ? Pensons-y de façon responsable en cette journée mondiale contre le cancer, ce jeudi 4 février où ces lignes sont écrites.
Tout le monde aura remarqué la complexité du processus de vaccination. Là encore beaucoup de critiques sont émises, même si la France est à peu près dans les temps de passage de ses principaux voisins européens, avec lesquels elle a une stratégie commune. Mais nous sommes loin d’être en tête. Et si nous avons comme tout le monde un problème d’approvisionnement en nombre de doses, nous souffrons aussi d’un autre mal, spécifiquement français. Celui d’une administration centrale parfois lourde, inefficace, où certains chefs et sous-chefs ouvrent le parapluie en permanence. Cette hyper-centralisation, qui est la grande pulsion française, nous coûte cher aujourd’hui sur le terrain sanitaire.
A part lorsqu’il nous a été demandé de répertorier les plus de 75 ans, ce que nous avons tous fait, les maires ont la sensation d’être de simples spectateurs passifs et impuissants d’une campagne de vaccination à laquelle ils pourraient apporter beaucoup : des locaux qui désengorgent les rares centres de vaccination, des moyens, de la logistique, de la réactivité. Je rêve d’une évolution de cette campagne qui aille dans le sens de la proximité, qui fasse des maires des acteurs du processus, sous le contrôle évidemment des agences régionales de santé, et qui nous permette de diriger des doses vers la médecine de ville, qui seule sera en mesure de démultiplier le rythme de vaccination. Beaucoup de ceux des praticiens du pays de Fayence que je connais trépignent d’impatience sur ce point. Bref : la campagne de vaccination réussira et nous rapprochera de l’immunité collective quand elle sera une campagne de proximité, et quand on fera confiance aux maires au lieu de se méfier d’eux comme on en a parfois le sentiment.