Élections régionales et départementales : un calendrier problématique
C’est en ce mois de mars 2021 qu’auraient dû se tenir les élections régionales et départementales. Prévues pour se tenir le même jour, ces élections devaient conclure un mandat de 6 ans pour les élus départementaux et d’un peu moins de 5 ans et demi pour les régionaux. Mais il était clair depuis quelques semaines que la situation sanitaire ne permettrait ni d’organiser ces élections ni encore moins de faire campagne et ainsi de leur donner le moindre contenu. C’est pour cette raison que la loi 2021-191 du 22 février dernier a décidé que ces élections seraient reportées aux 13 et 20 juin prochain. Pour autant, rien ne garantit que même d’ici là, la situation sanitaire sera suffisamment assainie. Le législateur en étant parfaitement conscient, l’article 3 de cette même loi a prévu une sorte de clause de revoyure. Dans cet article 3, la loi dispose en effet que le conseil sanitaire rendra au gouvernement au plus tard le 1er avril, c’est à dire d’ici la fin de ce mois, un rapport évaluant la faisabilité de la mise en œuvre de ces dates d’élections de juin.
C’est donc à mot couvert la possibilité d’un second report qui est inscrite dans la loi et d’ores et déjà, certaines voix demandent un report à l’automne. Cette année, un tel report poserait de grands problèmes de compatibilité avec la campagne présidentielle. En effet l’automne est inclus dans la période pendant laquelle le temps de parole ou les dépenses opérées pour telle ou telle occasion par chacun des partis, impactent comptes de campagne de l’élection présidentielle. Donc, en pratique, si ces élections locales ne peuvent pas se tenir en juin 2021, la solution la plus envisageable consiste à les renvoyer au-delà de l’élection présidentielle, soit à l’automne 2022, dans 18 mois.
Il en résulte une situation bien problématique car d’un côté, si les élections ont lieu en juin, tout laisse à penser que la campagne sera réduite à sa plus simple expression. Peu ou pas de réunion publique, peu de dialogue direct, et une campagne essentiellement numérique, faisant la part la plus belle aux réseaux sociaux et donc aux faux profils, à la désinformation, et à la manipulation collective (comme le second tour des élections municipales là où il a eu lieu en juin l’a déjà bien illustré). De même, tout laisse aussi à penser, que, comme pour les élections municipales, la participation serait fortement affectée par la situation sanitaire ce qui ne renforcera pas la représentativité ni la légitimité des vainqueurs de cette élection. Mais, d’un autre côté, si les élections sont reportées à 2022, il ne manquera pas d’esprit pour crier à la manipulation politique, notamment, dans l’entourage de ceux des présidents de région qui voulait faire de l’échéance de cette année, un tremplin pour les élections présidentielles. L’arbitrage sera donc bien difficile à prendre. Et comme souvent, il ne faudra pas déterminer la meilleure option mais plutôt la moins mauvaise.
Peut-être que ceux qui auront cliqué sur cet article, pensaient y trouver une prise de position de la part de Josette Mimouni et moi-même (les conseillers départementaux étant élus en « binômes paritaires » depuis 2015), sur une candidature ou une non-candidature. L’incertitude de la date de l’élection fait que cette question est bien prématurée.
Deux autres raisons font qu’elle n’est pas d’actualité, la première est que nos concitoyens dans leur très grande majorité ont bien autres choses à faire et à penser en ces temps difficiles et que donc ces échéances aujourd’hui n’intéressent pas grand monde. La seconde raison tient à l’organisation de la majorité départementale sortante dont je suis l’un des vice- présidents. Cette majorité compte depuis 2015 40 élus sur les 46 que compte l’assemblée départementale, ce qui représentait un véritable défi en matière de cohésion et de pérennité. Ces quarante élus de la droite et du centre, parfois de personnalité et de caractère très différents, ont tous pris sur eux pour savoir faire bloc et rester unis, et ils le sont toujours aujourd’hui autour du président Marc Giraud, en dépit des pronostics de l’époque.
Cette cohésion du bloc majoritaire s’exprimera encore, quelle que soit la date finalement retenue pour l’élection. Aucun de ceux qui seront désignés par cette majorité pour en porter les couleurs pour cette échéance ne partira en solitaire ou en avant-première. C’est une équipe entière qui se présentera toute ensemble, et c’est au moment où elle aura décidé de se présenter que la composition en sera connue.