Fontsante et la question de la santé publique
Brandir l’épouvantail de la pollution, c’est laisser penser que là où il existait auparavant une nature vierge (alors qu’on parle d’une mine de spath-fluor polluée à l’arsenic dont la dépollution est hors compétence de la collectivité), on va amener pour décharge les déchets polluants et malodorants des autres. Alors que le projet en question n’est pas une décharge de déchets ménagers, mais un centre de valorisation et de recyclage de déchets non ménagers, dans une logique d’économie circulaire. Brandir l’épouvantail des « déchets du 06 », c’est oublier que dorénavant le Var est lui-même un plus gros producteur de déchets de chantier que les Alpes-Maritimes, et que nos propres besoins suffiraient donc largement à justifier un tel outil, même si dorénavant la règle administrative a fait de l’Ouest-06 et de l’Est-Var une seule et même zone de chalandise sur ce sujet (c’est le fameux territoire azuréen du SRADDET*).
Je prétends de mon côté, pour avoir été en charge de ces questions à l’échelle du Département en tant que vice-président, l’idée que la question de la santé publique se pose davantage sans un équipement du type de celui proposé qu’avec lui. Les déchets du bâtiment et de l’activité économique représentent trois fois le tonnage des déchets ménagers, et le manque d’équipement de traitement a créé une véritable économie parallèle. On ne parle pas ici des dépôts sauvages, c’est-à-dire des matelas ou réfrigérateurs trouvés près des points d’apports volontaires, mais de décharges sauvages, c’est-à-dire de filières occultes et organisées, entassant sans aucune précaution ni traçabilité n’importe quoi n’importe où, et qui n’ont aucune envie que l’on vienne se mêler de leurs lucratives petites affaires. C’est contre ce business que lutte avec un certain courage une députée varoise, Valérie Gomez Bassac. C’est parce que je m’inscris dans cette lutte que je considère que le projet Fontsante n’est pas pour l’environnement la moins-value que l’on présente aujourd’hui, mais une véritable plus-value. Il ne peut être acceptable pour l’État, qui en décidera, qu’à cette condition.
*SRADDET : schéma régional d’aménagement, de développement durable et d’égalité des territoires