Eau en pays de Fayence : comment en sommes-nous arrivés là ?
Chaque matin, nous sommes nombreux, comme dans un rituel collectif, à consulter les prévisions météorologiques, et à constater en général que décidément, aucune pluie ne se présente à l’horizon, ou si peu. L’année 2023 se caractérise jusqu’ici par une pluviométrie très faible, et elle vient se surajouter à une année 2022 elle-même très déficitaire. Au moment d’aborder le printemps, nous avons aux sources de la Siagnole un débit de fin d’été. Après deux années aussi sèches, et devant tout ce qui se passe, en même temps que chez nous, en Ardèche, au pays Basque, dans l’Hérault et même en Haute-Savoie, le fait est qu’aujourd’hui un constat s’impose, qui laisse peu de place au doute. Depuis un an maintenant, les faibles pluies qui se produisent font réagir notre ressource principale que sont les sources de la Siagnole, mais en revanche les nappes par lesquelles sont alimentés les forages de Tassy et de la Barrière, notre ressource d’appoint, ne remontent plus et rendent ces forages inexploitables.
Oui, cela ressemble de moins en moins à un épisode conjoncturel et de plus en plus à une tendance structurelle. Pour ce qui est des forages, ce ne sont pas les éventuelles pluies des printemps qui y changeront quelque chose dans les mois à venir, puisqu’à compter du mois de mars, c’est la végétation qui capte l’eau dans le sol avant qu’elle n’arrive aux nappes. Il nous reste l’espoir que ces pluies réalimentent suffisamment la rivière pour retarder au maximum l’arrivée des restrictions de consommation puis des coupures. Cette situation est sans précédent, non seulement à l’échelle de notre territoire mais aussi à une échelle bien plus large, qui nous vaut aujourd’hui l’attention de médias nationaux, parce que ces media voient bien que ce qui se joue chez nous peut se produire demain ou après-demain dans beaucoup d’autres territoires.
Il est important d’essayer de comprendre comment notre territoire a pu en arriver à cette situation. Le dérèglement climatique, on vient de le voir, a sa part. Mais d’autres causes rentrent aussi en ligne de compte. L’urbanisation frénétique induite, contre la volonté des élus locaux, par la loi ALUR, nous aura jetés à la rencontre de ce dérèglement avec dix ou vingt ans d’avance, et c’est aujourd’hui ce temps qui nous manque pour faire face au problème.
Au passage, il est singulier de constater que c’est une loi portée par la ministre écologique Duflot qui fait aujourd’hui exploser notre territoire et nous confronte à un problème écologique radical. Les méfaits de cette idéologie politique et de l’aveuglement qui en résulte sont si persistants que je me suis récemment fait tancer, en direct sur BFM TV, par le numéro un des Verts Julien Bayou au motif qu’il faudrait construire, même sans eau, plus de logements sociaux. Or personne ne peut demander à notre territoire, même au nom de bonnes intentions, de doubler sa population tous les vingt ans. Le bout des services publics était en vue et, s’il ne s’était pas agi de la ressource en eau, on aurait aussi pu invoquer, entre autres, l’accueil scolaire, la voirie, les capacités électriques, tous plus ou moins proches de la saturation.