Vaccin et pass sanitaire : les mésaventures de l’intérêt général
Le clivage politique creusé par les mesures sanitaires du début de l’été a été un bon révélateur des pulsions de fond de notre société ou de ce qu’il en reste. La campagne de vaccination s’était mise à stagner du fait d’un climat de défiance généralisé vis-à-vis de toute parole institutionnelle, non plus seulement quand elle est politique mais dorénavant aussi quand elle est journalistique ou scientifique. Dans certains cas, la perte de culture scientifique et la désinformation peuvent mener jusqu’à un complotisme qui tient d’explication simple à un monde complexe. Certes tous ceux que la vaccination désemparent ne sont pas des complotistes : il serait bon également qu’on puisse défendre la nécessité de la vaccination sans se faire traiter de « mouton » ou de « collabo »
Arguant du manque de recul ou de leur liberté de conscience, certains n’ont donc pas hésité à ériger leur choix en droit et à faire primer la précaution personnelle sur toute considération d’intérêt général. Cela ne veut évidemment pas dire, encore une fois, qu’il ne faut pas consacrer de la considération et de la pédagogie à ceux qui hésitent. Je comprends celles et ceux qui auraient préféré décider par eux-mêmes plutôt que de se sentir pressurés. Encore faudrait-il pour cela avoir un temps que nous n’avons pas : ma grand-mère avait résumé le problème lorsqu’elle se demandait par son expression favorite : que faut-il faire quand le rôti brûle ? En d’autres termes, valait-il mieux le pass sanitaire cet été ou le reconfinement à la rentrée ?